J’arrive devant le rayon fruits et légumes. Je suis censé le ravitailler mais c’est lundi et il y a peu de monde... Je me dis qu’un petit roupillon dans la réserve me ferait le plus grand bien. Bien calé entre les casiers verts des oranges et des poivrons, je me planque au mieux. On m’appelle à l’accueil, les hauts-parleurs hurlent mon nom. Bon, j’vais voir et après j’enclenche l’opération sieste. Je me pointe et je vois une vieille qui s’excite au milieu du rayon. Il n’y a plus d’étiquettes dans la machine à peser. Le problème, c’est que je n’ai jamais voulu savoir comment on fait pour changer les rouleaux d’étiquettes. Ce n’est pas compliqué mais ça m’emmerde, et quand je fais un blocage comme ça, c’est foutu.
La première cliente débarque.
« Je voudrais du merlan s’il vous plaît.
— Bien sûr madame, pouvez-vous juste me dire où se trouve ce poisson ?
— Vous ne connaissez pas ? Vous n’êtes pas poissonnier ?
— Non.
— Ah… c’est celui-ci. Pouvez-vous me faire des filets ?
— Ben non, par contre je vous propose de vous en mettre quatre pour le prix d’un. Ça vous tente ?
— Vous pouvez faire ça ?
— Je peux tout faire, c’est oui ou c’est non ?
— Allez-y. »
Il a voulu me foutre là, il se démerde. Je ne fais quasiment rien payer aux clients.